Préparer l'avenir
Préparer l’avenir
Réchauffement de la planète, destruction de la couche d’ozone, les menaces que l’homme fait peser sur son propre environnement sont désormais bien réelles. Et face à ces problèmes, grandes sont aussi nos incertitudes. Nous sommes confrontés à un système complexe. De l’activité biologique à la physique des nuages, de la circulation des océans jusqu’à la stabilité des calottes de glace, nous sommes loin de maîtriser la complexité des processus et tous leurs niveaux d’imbrications. Les prévisions pour le futur sont bien sûr très dépendantes de notre connaissance actuelle des mécanismes mis en jeu et doivent être considérées avec prudence, car elles peuvent être remises en question, au moins dans leur détail, par de nouveaux résultats.
De là à conclure que les prévisions actuelles sont complètement erronées et à écarter toute possibilité de réchauffement à venir, il y a cependant un grand pas que certains franchissent allègrement, arguant que les modèles ignorent certains mécanismes régulateurs. Certes, des effets encore ignorés ne sont pas à exclure et la polémique autour de l’aviation supersonique dans les années 1970 est à cet égard instructive. Mais il est tout aussi probable que certains mécanismes amplificateurs aient aussi été omis; une fois encore, l’expérience acquise à propos de l’ozone illustre bien ce risque, personne n’ayant prévu l’apparition du «trou» d’ozone au-dessus de PAntarctique. Néanmoins, au vu de nos connaissances actuelles et de l’enseignement du passé, on est en droit de s’attendre à un réchauffement du climat, même si actuellement il n’est pas possible d’affirmer si celui-ci atteindra un, deux ou cinq degrés Celsius et si ses effets se feront sentir dès le milieu ou seulement à la fin du siècle prochain.
Face à ces incertitudes, les enjeux actuels de la recherche sur le climat sont de comprendre les mécanismes en jeu, de détecter d’éventuels changements climatiques en cours et de prévoir avec une plus grande fiabilité les climats futurs. Dans ce but, le programme mondial de recherche sur le climat a été entrepris dès 1980, complété récemment par le programme international géosphère-biosphère. Constituant l’ossature des recherches mondiales sur le «changement global», plus connu sous le nom anglais Global Change, ces deux programmes visent à décrire et à comprendre toutes les interactions physiques, chimiques et biologiques qui règlent les conditions de vie sur Terre. Ils s’appuient sur des campagnes de mesure sur le terrain, des observations satellitaires et le développement de modèles mathématiques.
Mais devons-nous pour autant attendre d’être certains de l’avenir du climat ou de détecter un changement en cours pour commencer à prendre conscience des risques encourus et essayer dans la mesure du possible d’en limiter l’ampleur ? Certes, le problème est loin d’être simple. Contrairement au cas de l’ozone, il ne suffit pas de trouver des produits de substitution, il faut repenser notre consommation d’énergie et mettre en place des mesures efficaces de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, ce qui sera très coûteux. Cette question est d’autant plus complexe qu’elle est intimement liée à la croissance démographique: les pays en voie de développement consommeront plus d’énèrgie dans l’avenir et la production de méthane continuera à croître pour permettre d’alimenter les milliards d’habitants de la planète. De plus, la surpopulation fragilisera l’économie mondiale et la rendra plus sensible à d’éventuels bouleversements climatiques régionaux.
Face à ces menaces, les attitudes sont diverses. D’aucuns s’en remettent aux progrès technologiques à venir, pensant que les techniques pallieront les méfaits d’un climat plus chaud, même s’il faut construire d’immenses digues pour se protéger d’une montée des eaux ou mettre en place de gigantesques systèmes d’irrigation pour lutter contre la sécheresse. D’autres font preuve d’ingéniosité, imaginant différents moyens d’envoyer dans l’océan le surplus de gaz carbonique de l’atmosphère. Malheureusement, il n’y a pas aujourd’hui de solution miracle! Prise de conscience générale des conséquences néfastes des activités économiques sur l’environnement, mesures d’économies d’énergie, développement de nouvelles sources d’énergie, limitation de la croissance démographique sont autant de voies envisageables pour limiter, du moins partiellement, l’ampleur d’un réchauffement, mais celles-ci devront faire l’objet de décisions politiques au niveau mondial. Après la conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement qui s’est tenue à Rio en juin 1992, de nombreux pays se sont engagés dans cette direction en signant la convention cadre sur les changements climatiques. En décembre 1997, une étape supplémentaire, décisive, a été franchie lors de la conférence de Kyoto : cent cinquante neuf pays se sont mis d’accord sur un protocole visant à réduire de 5,2 % en moyenne les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2012. Cette réduction, qui prend pour référence le niveau des émissions de 1990, s’applique pour le moment uniquement aux pays industrialisés. Elle représente un effort économique important et surtout elle marque le début d’une prise de conscience politique des risques climatiques encourus du fait de l’augmentation des gaz à effet de serre. Cependant, cette réduction reste encore à un niveau insuffisant et devra s’intensifier si l’on veut stabiliser le niveau des gaz à effet de serre dans l’air. Il ne faudrait pas que la sensibilisation aux problèmes climatiques ne soit qu’un effet de mode, car le réchauffement résultant de l’action de l’homme surviendra lentement à l’échelle d’une vie: nous devrons faire des choix à long terme. — long terme, en faveur des générations futures.
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