Quel est le profil météorologique, ou climatique, du Quattrocento ?
Le profil météorologique
Le XVe siècle est assez mal étudié par les historiens du climat, alors que l’on connaît bien le XIVe siècle, voire très bien le XVIe siècle, grâce au livre dirigé par Pfister et par le Tchèque Brâzdil, cet autre grand clio-climatologue On note, malgré le maintien global du PAG prolongé, un petit réchauffement lors de la première moitié du XVe siècle, à l’époque de Jeanne d’Arc. Une belle période estivale se singularise, celle des années 1415-1435, au cours de cette époque, qui est mauvaise par ailleurs pour des raisons de guerre de Cent Ans : mais belle série d’étés, vendanges précoces – un long coin de ciel bleu, qu’on aurait appelé jadis en France une « culotte de gendarme ». Ces beaux étés ont pu être excessivement chauds, comme celui de 1420 : l’échaudage- sécheresse de cet an-là est à l’origine de mauvaises
récoltes et de famine, laquelle est en outre due à la guerre. L’été 1420, alors, était trop beau, trop chaud, trop sec : « la mariée était trop belle ». Le blé est un citoyen du Moyen-Orient, mis au point dans les régions méditerranéennes du nord-ouest de la Syrie ainsi qu’en Turquie limitrophe : il apprécie médiocrement, à mainte reprise, le climat franco- septentrional avec ses étés pourris, mais parfois aussi trop chauds/secs (même au gré d’un immigrant venu de Syrie). C’est ce qui advint en 1420. A Noël suivant, l’hiver étant venu, le blé manque à Paris ; alors, on entend les lamentations des petits enfants, qui trouvent refuge sur les fumiers de la capitale, plus chauds : « n’était si dur cœur qui par nuit les ouït crier : “Hélas ! Je meurs de faim !” qui grande pitié n’en eût », écrit le Bourgeois de Paris. L’été 1420 est-il comparable à l’été 2003 ? Tous les mois de février à août 1420 furent d’au moins deux degrés plus chauds que les moyennes fraîches ou tièdes des XIX-xx ème siècles. On signalera encore, variabilité oblige, des étés chauds et donc des vendanges précoces, notamment en 1473 (sans famine, en raison de pluies adéquates au bon moment), mais la fin de l’été 1473 fut une période très sèche, comme l’atteste la dendrochronologie : les anneaux des arbres ultra-durs correspondent à une terminaison de l’été 1473 fort dépourvue d’eau.
La seconde moitié du XVe siècle se caractérise néanmoins, en règle générale, par un léger rafraîchissement, notamment sous Louis XI, en 1481, année de mauvaise récolte où sévit une grande famine générée par l’excès de froid et de pluie. Si les effets du climat sont alors moins graves qu’en 1315 ou 1420, c’est que les guerres de Cent Ans sont terminées, depuis 1452- 1453. La France, dont la population est dynamique, se trouve alors en pleine reconstruction ; ce sont les « Cinquante Glorieuses » qui vont de 1460 à 1510. Certes, l’hiver 1480/1481 est très froid ; le printemps et l’été, pourris ; mais Louis XI prend des mesures anti-famine. Tel ne fut pas le cas de Louis X le Hutin qui, en 1315, agissait très peu contre la disette : il se contentait d’envoyer du blé à ses troupes en Flandre et de libérer quelques serfs à prix d’argent.
L’année 1740 peut être comparée à 1481 : les saisons fraîches-pourries, printemps-été, qui succéderont alors à un hiver glacial 1739-1740 représenteront, comme jadis en 1481, la plus mauvaise concaténation climatique « anti-blé ».
Il reste que, à partir de Louis XI, la monarchie s’est intéressée quelque peu au sort de ses sujets, quand sous-alimentés ; ce qui deviendra plus évident encore avec Louis XIV et Colbert, puis Louis XV – mais la royauté paiera cet intérêt assez cher : ce
sera l’accusation, tout à fait fausse par ailleurs, du « complot de famine1 », la monarchie étant faussement incriminée pour stockage spéculatif (imaginaire) des grains en vue d’affamer le peuple.
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