Réchauffement actuel
Quel éclairage l’histoire du climat donne-t-elle au réchauffement actuel ?
Le réchauffement actuel de la planète (global war- ming) est désormais bien connu ; mais ce qui intéresse l’historien d’Europe, ce sont aussi les conditions locales de ce réchauffement ; elles sont soigneusement étudiées par les historiens du climat pour la France et pour les pays environnants, notamment Suisse et Grande-Bretagne.
La tendance aux hivers plus doux s’esquisse à partir de 1896. Elle ne s’est démentie provisoirement que par affaissements thermiques modérés et momentanés au long du xx ème siècle, avec une nette accentuation calorifique, en revanche, depuis la décennie 1981-1990.
Par ailleurs, et si l’on remonte pour un instant vers la fin du XIX ème siècle, la série fraîche des températures moyennes annuelles de 1887-1892 peut servir de « plancher » à partir duquel le réchauffement est bien marqué. Le comptage décennal, quoique simplificateur, est ici commode, pédagogiquement. La décennie 1891-1900 à Paris et Londres voit un premier et net réchauffement global ; la décennie suivante, 1901-1910, replonge un peu, quoique sans toujours retrouver les fraîcheurs de la décennie 1881- 1890. À partir de 1911, on observe une première vague de réchauffement soutenu (sustained growth). Ce réchauffement continue progressivement en France, lors des décennies 1911-1920, 1921-1930 (à petit feu, celle-ci) et 1931-1940. À partir de la décennie 1921-1930 en Angleterre, il s’agit d’un supplément de chaleur inédit et non plus seulement de la récupération de séries chaudes antérieures et déjà connues ou expérimentées, par exemple en diverses phases du XVII ème ou du XIXe siècle. Cette fois, c’est déjà du réchauffement vrai, par rapport aux périodes et siècles précédents. Les étés chauds de la décennie 1940 en témoignent pour l’Angleterre et la France ; ceux de 1945, 1947 et 1949 sont parmi les plus chauds, jusqu’en 1976 puis 2003. Cette année 2003 marquera la culmination provisoire (?) d’un quasi- siècle de réchauffement en Europe occidentale et ailleurs. Est-ce dû à la production excessive du C02 ? L’historien, en principe, n’est pas qualifié pour trancher ce point. On peut avancer cependant la conjonction d’autres facteurs, différents (soleil [?], NAO, volcans plus ou moins actifs), mais il apparaît que les injections de C02 et de méthane, à titre industriel, pour la période 1989-2007, pourraient
bien constituer le facteur capital1 et prépondérant. Reste qu’on ne peut reprocher à réminent scientifique qu’est Claude Allègre de proposer une opinion différente. La liberté de discussion reste indispensable. L’Europe, en tout cas, est passée par un optimum climatique de 1931 à 1950, même si la guerre a empêché les Européens de le goûter pleinement, on nous pardonnera cet understatement. Les décennies 1951-1960 et 1961-1970 sont certes marquées par un rafraîchissement modéré et momentané que symbolisent, parmi d’autres annuités et mensualités effectivement fraîches, les grands hivers de février 1956 et de 1962-1963 ainsi que l’année 1958, hyper-pluvieuse et plutôt fraîche). Le réchauffement reprend, avec beaucoup de modération dans le moyen terme, à partir de la décennie 1971-1980 (canicule et sécheresse de 1976) et surtout, et bien davantage, au cours des années 1981-1990 : le triennat 1988/89/90 marque un véritable bond en hauteur des températures pour les hivers, les printemps, les étés et l’année entière. Les automnes avaient pris de l’avance, calorifique, dès 1981-1982. La décennie 1990, souvent agréable de ce fait, est la plus chaude du xxe siècle ; le réchauffement culminera plus encore lors de la décennie suivante, première du xxie siècle. Je pense aux deux canicules d’août 2003 et juillet 2006.
Vidéo : Réchauffement actuel
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