Quelles sont les grandes inondations des derniers siècles, en France et notamment à Paris ?
Les grandes inondations des derniers siècles
On évoquera ici les inondations dites « centennales » de la Seine ; elles ont lieu en principe une fois par siècle – mais leur fréquence, le cas échéant, pourrait être un peu plus élevée.
1658 :
l’inondation (de débâcle) de la Seine a dépassé de 30 cm la cote de 1910.
1740 :
inondations gravissimes ; bien connues par les travaux d’Arago et de Madame Backouche, elles se produisent en décembre, après une année très fraîche et de mauvaise moisson. Elles concernent les bassins de Loire, Seine (inondation centennale), Doubs, Charente.
1802 :
inondation centennale à partir de décembre 1801. Les eaux de la Seine, mais aussi de l’Allier, du Rhin, de la Moselle, de l’Adour, de la Charente, sortent de leur lit ; en janvier 1802, la situation empire : inondation de la Seine encore,
mais aussi de la Bièvre, de l’Yonne, de la Marne, du Rhône, de la Saône, de la Bruche, de l’Orne…
1856 :
inondation dans le Midi, surtout en Camargue, ce qui vaut à la région une visite, intelligemment menée, de Napoléon III, de son épouse et de son fils.
1910 :
l’inondation, qui se produit en janvier, présage une année 1910 fraîche et pourrie avec de mauvaises récoltes de blé (et de vin, qualitativement médiocre, qui plus est) dans toute l’Europe. Le mois de décembre 1909 était déjà très pluvieux ; les dix premiers jours de janvier sont sans pluie mais, le 11, les précipitations reprennent. La Seine et la Marne montent, le sol se comporte comme s’il était saturé ; c’est le premier mouvement « ascensionnel » du fleuve. Deux « groupes » de pluviosité importante se succèdent du 11 au 20 janvier, suivis par un troisième ensemble de pluies, moins considérable, du 23 au 25 janvier 1910. Ces trois « moments » successifs ont déterminé la grande crue. Les résultats sur Paris sont impressionnants. La Seine dispose désormais de quais surélevés et présente de nombreux ponts sur son cours : la crue, qui aurait pu être ordinaire, se voit stimulée par de tels effets de barrage. Dès le 19 janvier, ce fleuve et la Marne sortent de leur lit. Du 18 au 21 janvier, 120 mm d’eau tombent à Château-Chinon, 103 mm aux sources de la Seine. Le métro étant alors en construction, le collecteur d’égoûts de la rive gauche se déverse dans son chantier. Des lacs se forment, notamment devant la gare Saint-Lazare ; les eaux s’infiltrent dans les gares d’Austerlitz et d’Orsay, l’électricité est coupée. Du 21 au 28 a lieu la « semaine terrible » : défaillance du métro, du chemin de fer – les véhicules hippomobiles font retour -, avaries des conduites de gaz, coupure du téléphone. Les députés se rendent au Palais-Bourbon, plongé dans l’obscurité, en canot. La crue atteint 8,62 m au pont d’Austerlitz le 28 janvier, c’est un maximum. La rive gauche est la plus touchée : la rivière l’a envahie sur une largeur de 100 m à 1 km, à partir du point d’intersection de l’avenue Montaigne avec le fleuve. Lors du 29 janvier s’amorce la décrue. Commence alors le combat contre la boue : 15 000 à 20 000 immeubles sont touchés. Le gaz n’est rétabli qu’en mars, l’électricité en mai. Une rumeur avait attribué aux Juifs la responsabilité de ce désastre !
- A quand une prochaine inondation centennale ? La tendance, sous effet de serre, serait plutôt à la sécheresse, du moins dans le sud. Mais quid du Nord, voué paraît-il à l’humidité croissante dans l’avenir? Voyez déjà les inondations anglaises de 2007. Citons aussi les alertes de janvier 1924, janvier 1955, janvier 1982, mars 2001, s’agissant de la Seine à Paris…