Les conducteurs de voitures sont-ils exposés aux polluants ?
Les premières victimes de la pollution automobile sont les automobilistes eux-mêmes. Coincés dans les bouchons, l’air qu’ils respirent provient de leur environnement immédiat : il est puisé directement à la source de la pollution. Les concentrations en polluants y sont très élevées puisqu’ils sont encore très peu dispersés à ce niveau. De plus, le confinement dû à l’habitacle fermé, limite la ventilation et favorise une certaine accumulation. Ainsi, les conducteurs sont exposés à des taux de polluants souvent plus importants qu’un piéton sur le trottoir.
D’ailleurs, le taux de monoxyde de carbone mesuré dans le sang des automobilistes ayant été bloqué dans un embouteillage, est particulièrement élevé. Cela prouve une exposition massive à des résidus de combustion nocifs et explique en grande partie la fatigue et la sensation de léger étourdissement que l’on peut ressentir après avoir été pris dans un bouchon particulièrement long.
L’une des premières mesures à prendre est bien sûr d’éviter le plus possible d’utiliser sa voiture ! Non seulement c’est un geste citoyen qui participe à l’effort (pas encore suffisamment collectif) pour limiter les rejets dans l’atmosphère, mais c’est d’abord un excellent moyen de limiter sa propre exposition à la pollution. Les transports en commun, notamment ferrés, représentent dans ce domaine une très bonne alternative.
Les piétons sont-ils épargnés ?
C’est dans la rue que la pollution des villes est émise. Les piétons sont donc eux aussi très exposés. C’est pourquoi, il est judicieux de modifier son itinéraire en cas de pic de pollution (c’est-à-dire aux heures de pointe) afin de réduire au strict minimum le temps passé dans une rue embouteillée, et cela d’autant plus que l’on est accompagné d’enfants. Le système respiratoire des enfants, et celui des plus jeunes en particulier (moins de 3 ans), est encore très fragile et particulièrement sensible. Les enfants assimilent donc plùs vite les polluants, et les doses qu’ils absorbent auront plus d’effets que chez les adultes. Ils se trouvent aussi à une hauteur proche de celle des pots d’échappements et respirent des bouffées de polluants auxquelles les adultes ne sont pas exposés, du seul fait de leur taille plus importante.
Le vélo en ville, une bonne solution ?
Le vélo est un mode de transport non polluant et qui présente l’avantage d’entretenir la forme. Mais c’est à condition de ne pas évoluer dans un environnement trop pollué. Il n’est pas rare d’entendre les personnes venant au travail à vélo se plaindre d’une sensation de manque d’air, après avoir parcouru deux ou trois kilomètres à vélo en plein embouteillage.
Ce n’est pas étonnant ! L’effort physique fourni pour pédaler nécessite un apport d’oxygène supplémentaire et donc une plus grande activité respiratoire que lors de la marche. En conséquence, le volume d’air inspiré est bien supérieur et la quantité de polluants assimilés aussi. Il existe des masques mais ils ne filtrent que les poussières, et ne peuvent rien contre les polluants gazeux. De plus, leur utilisation pendant un effort physique gêne la respiration et nécessite un plus grand effort pour inspirer, obligeant à une plus grande ventilation. Cela augmente d’autant l’exposition aux polluants gazeux. Ainsi, le vélo qui est pourtant un moyen de transport respectant parfaitement l’environnement, n’est pas une alternative évidente du point de vue de la santé en cas de pic de pollution. Si vous tenez absolument à circuler en vélo, étudiez de près votre itinéraire pour limiter le plus possible les passages où la pollution est intense. Comme on l’a vu, il suffit parfois d’emprunter une rue parallèle pour que les conditions deviennent nettement moins mauvaises.
Comment connaître le niveau de pollution ?
Pour ne plus avoir le sentiment de subir passivement, il est intéressant de s’informer. Aujourd’hui, toutes les grandes agglomérations ont désormais un service de surveillance et d’alerte. Elles sont non seulement en mesure de renseigner sur la qualité de l’air du jour et des jours passés, mais elles sont aujourd’hui capables de fournir une prévision pour le lendemain. Ce qui peut s’avérer fort utile pour les personnes particulièrement sensibles aux épisodes de pollution intense, comme celles qui sont atteintes d’asthme ou de déficience respiratoire. Il leur est alors possible d’organiser à l’avance une alternative pour se prémunir de complications sévères, consécutives à une trop grande exposition. Car en effet, en cas de forte pollution, il leur faut absolument éviter de s’exposer inutilement. De ce fait, il s’agira pour ces personnes, de limiter leurs déplacements et les efforts physiques. Il leur est d’ailleurs souvent recommandé de rester chez elles. Nous l’avons vu, les pics de pollution sont particulièrement élevés dans les secteurs à fort trafic automobile, et la meilleure façon de réduire au maximum leur impact est de ne pas les fréquenter. Même en cas de pic important, les concentrations de polluants sont toujours moins grandes dans les habitations que sur les trottoirs qui sont au plus près des sources d’émission, où les polluants y sont encore faiblement dispersés. Ainsi, il existe des jours dans l’année où il vaut mieux rester chez soi. Aujourd’hui la loi oblige les autorités à prendre des mesures quand des niveaux seuil de concentration de certains polluants sont dépassés. Dans un premier temps, une procédure d’alerte est mise en place ; il s’agit en fait d’une information en direction des citoyens. Puis des mesures de restriction de la circulation sont mises en œuvre, comme la limitation de la vitesse sur les axes routiers importants. Et enfin, au-delà d’un troisième niveau de pollution, la circulation alternée peut être décrétée, ou l’interdiction de circulation dans les cas extrêmes.
Faut-il faire du sport en ville ?
Pour les sportifs citadins, la situation peut s’avérer délicate. Comme on l’a vu dans le cas de l’utilisation du vélo, l’effort musculaire nécessite la ventilation d’un plus grand volume d’air dans les poumons.
Ce qui se traduit obligatoirement par l’absorption d’une plus grande quantité de polluants. De plus, lors de l’effort physique les effets irritants de nombreux polluants sont amplifiés. En effet, les mouvements respiratoires se font très rapidement, et la pénétration de l’air dans les voies respiratoires est plus violente. Les polluants pénètrent plus profondément et augmentent ainsi leur capacité de nuisance.
D’une façon générale, il est donc plutôt conseillé d’exercer son activité sportive à des heures durant lesquelles la pollution de l’air est la plus faible, en particulier dans la pratique de sport en plein air, du type course à pied, vélo ou roller.
Il est donc important de bien choisir son heure. Or on l’a vu précédemment, les moments où la pollution est la moins élevée se situent plutôt le matin avant l’heure de pointe, et le dimanche. Quoi qu’il en soit, il est judicieux de choisir un itinéraire qui évite les voies à forte circulation.
Mais il faut vraiment prendre conscience que les jours d’alerte à la pollution, le bénéfice sur la santé de la pratique d’un sport disparaît quasiment face aux effets nocifs immédiats des polluants et aux risques auxquels ils nous exposent à plus long terme.