L'écologiste sceptique plaît aux libéraux
L’écologiste sceptique plaît aux libéraux
Selon l’hebdomadaire américain Time Magazine (avril 2004), Bjom Lomborg serait l’un des 100 hommes les plus influents de la planète ! Cela m’avait échappé en son temps, mais pas à un ancien ministre de l’Éducation
nationale en France, Claude Allègre, qui a préfacé son livre dans une curieuse perspective scientiste en déclarant solennellement que « le livre de Bjom Lomborg est un événement d’importance mondiale (…) un grand livre »! La thèse centrale de Lomborg est que les lois du marché et la mondialisation résoudront « naturellement » les maux de la planète !
Ainsi, choisir de supprimer les pesticides dans les production agricoles éviterait « (…) une vingtaine de morts par an aux Etats-Unis » alors que le coût de cette suppression « (…) sera d’environ 20 milliards de dollars (…) et entraînerait peut-être la mort de 26 000 personnes par an, qui décéderaient du cancer ». Toujours d’après Lomborg, pour ce qui concerne les pollutions, dont la pollution atmosphérique, on respire car tout va de mieux en mieux : « (…) le fardeau de la pollution a diminué de manière spectaculaire dans les pays développés. »Plus généralement : « (…) les enfants nés aujourd’hui – dans les pays industrialisés comme dans les pays en voie de développement – vivront plus longtemps et seront en meilleure santé ; ils seront mieux nourris, plus instruits, auront un niveau de vie plus élevé, plus de loisirs et bien plus de possibilités, sans pour autant que l’environnement de la planète soit détruit » ; avant d’ajouter le plus sérieusement du monde : « Le monde est vraiment magnifique ! »’
Il faut brièvement commenter le système d’argumen- tution de Lomborg, avant d’évoquer ses opinions sur le réchauffement climatique. En première lecture, son livre est assez clair et apparemment informé. Mais en seconde lecture, on s’interroge : dans tous les domaines qu’il considère, l’auteur convient que la situation pourrait être meilleure, mais qu’elle ne cesse et ne cessera de s’améliorer, grâce aux mécanismes « naturels » du fonctionnement des sociétés de la planète, et de leurs interactions. Tout irait donc de mieux en mieux dans le meilleur des mondes néo-libéraux possibles ? Cela devrait suffire pour éveiller l’esprit critique. Et, de fait, lorsqu’on y regarde de près, on s’aperçoit que le système Lomborg est plus que douteux. Bjom Lomborg est statisticien et n’a mené aucune recherche sur les sciences de l’environnement. Pourtant, les milliers de références qu’il donne et son énorme bibliographie (95 pages) n’ont pas grand-chose à voir avec les « statistiques » au sens strict, lesquelles mettent en œuvre les notions de probabilité et de loi des grands nombres : il s’agit plutôt de chiffres et de données, scientifiquement interprétées. Et c’est là que le bât blesse. Chacun sait à quel point les chiffres varient d’une publication à l’autre, d’un site internet à l’autre, d’une interprétation à l’autre. Les chiffres dépendent dans une large mesure des moyens mis en œuvre pour les obtenir, et ces moyens varient à l’infini, de même que les moments de la mesure peuvent donner des résultats bien différents.
Ainsi, par exemple, alors que le taux de gaz carbonique dans l’atmosphère est de 375 ppmv selon le giec, le géochimiste Claude Allègre donne, en 1998, le chiffre de nationale en France, Claude Allègre, qui a préfacé son livredans une curieuse perspective scientiste en déclarant solennellement que « le livre de Bjom Lomborg est un événement d’importance mondiale (…) un grand livre »! La thèse centrale de Lomborg est que les lois du marché et la mondialisation résoudront « naturellement » les maux de la planète !
Il faut brièvement commenter le système d’argumentation de Lomborg, avant d’évoquer ses opinions sur le réchauffement climatique. En première lecture, son livre est assez clair et apparemment informé. Mais en seconde lecture, on s’interroge : dans tous les domaines qu’il considère, l’auteur convient que la situation pourrait être meilleure, mais qu’elle ne cesse et ne cessera de s’améliorer, grâce aux mécanismes « naturels » du fonctionnement des sociétés de la planète, et de leurs interactions. Tout irait donc de mieux en mieux dans le meilleur des mondes néo-libéraux possibles ? Cela devrait suffire pour éveiller l’esprit critique. Et, de fait, lorsqu’on y regarde de près, on s’aperçoit que le système Lomborg est plus que douteux. Bjom Lomborg est statisticien et n’a mené aucune recherche sur les sciences de l’environnement. Pourtant, les milliers de références qu’il donne et son énorme bibliographie (95 pages) n’ont pas grand-chose à voir avec les « statistiques » au sens strict, lesquelles mettent en œuvre les notions de probabilité et de loi des grands nombres : il s’agit plutôt de chiffres et de données, scientifiquement interprétées. Et c’est là que le bât blesse. Chacun sait à quel point les chiffres varient d’une publication à l’autre, d’un site internet à l’autre, d’une interprétation à l’autre. Les chiffres dépendent dans une large mesure des moyens mis en œuvre pour les obtenir, et ces moyens varient à l’infini, de même que les moments de la mesure peuvent donner des résultats bien différents.
Pire : si l’on se penche de près sur les assertions de Lomborg, on tombe de haut : ainsi, citant I’unicef, il affirme que «(…) 70 à 80 millions de dollars seulement par an permettraient que tous les habitants du Tiers Monde aient accès à des services fondamentaux tels que la santé, l’éducation, l’eau et l’assainissement »; ce chiffre est avancé contre celui du coût du réchauffement, qu’il évalue à « 5 billions de dollars » (sic). Or pour atteindre cet objectif de développement durable, c’est 561 milliards de dollars par an qui étaient jugés nécessaires par l’ONU en 1992, lors de la Conférence de Rio. L’écologiste sceptique n’est pas sérieux… Il est en outre de très mauvaise foi, et même malhonnête : « (…) nous mettons en question la façon dont les scénarios du futur ont été échafaudés et estimons que les pronostics d’un changement de 6° d’ici à la fin du siècle ne sont pas plausibles. » L’estimation basse du pronostic du GIEC (1,4 °C) n’est pas mentionnée! Pourtant, elle est évoquée 92 pages plus loin, mais lorsqu’il s’agit de stigmatiser le catastrophisme de la presse en matière de réchauffement du climat : « Dans l’écho qu’en donnent les médias (…) tous ont présenté le chiffre de l’estimation maximale du réchauffement, soit 5,8 °C, et aucun n’a mentionné l’estimation basse de 1,4 °C… »’
On ne sera donc pas surpris des positions de Lomborg sur le changement climatique : selon lui, l’application du Protocole de Kyoto coûterait très cher : 150 milliards de dollars par an « et sans doute davantage ». Il faut donc mieux s’adapter. Cette somme, dit-il, devrait plutôt être consacrée aux pays en voie de développement pour les aider à lutter contre les effets néfastes du réchauffement (argument qui ne déplaît pas aux milieux pétroliers car les mesures ne les concernent pas) : « Le scénario qui inspire George W. Bush et les libéraux comme l’économiste Bjom Lomborg (…) repose sur une analyse critique du Protocole de Kyoto. Il considère que le coût des mesures à prendre pour tenter de réduire la part du réchauffement climatique liée à l’activité humaine est trop élevé pour un résultat trop aléatoire. »
Notons que de très nombreux scientifiques dénoncent partout dans le monde le discours de Lomborg. Il suffit pour s’en convaincre de consulter l’Internet ; et de se souvenir que le « Comité danois sur la malhonnêté scientifique »concluait le 7 janvier 2003 que The Skeptical Environmentalist était un livre « objectivement malhonnête » et « clairement contraire aux normes de la bonne pratique scientifique ». Toutefois, le 12 mars 2004, les membres de ce comité se sont déjugés, après plainte de Lomborg, et l’affaire s’est arrêtée là. Sur le site internet du statisticien danois, les documents à décharge sont disponibles en format pdf ; les autres liens sont vides…
Ainsi, les sociétés humaines qui peuplent notre planète sont bel et bien dans une situation critique. Elles continuent de s’enfoncer dans la crise climatique et d’en aggraver les effets potentiels en approfondissant l’écart qui sépare les riches des pauvres, et les pays dits du « Nord » des pays du « Sud ». Pouvons-nous éviter le naufrage ? Cette question est hélas ! d’actualité.
Vidéo : L’écologiste sceptique plaît aux libéraux
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