Les dictons
C’est sans doute là le plus connu des dictons météorologiques, mais il en existe beaucoup d’autres. Pour être mieux retenues, les constatations météorologiques relevées par des générations d’observateurs ont été exprimées sous forme de dictons, souvent en vers rimés. Leur expression change un peu selon les provinces et les patois, mais dans ces dictons, se trouve condensée l’expérience météorologique de plusieurs générations. La méthode est efficace car cette prévision, bien qu’empirique, correspond fréquemment à une réalité physique des choses et repose sur des fondements scientifiques sous-jacents.
Prévisions à court terme
Nous présentons ces dictons de la façon qui fait la part du beau et du mauvais temps, même s’il s’agit de notions subjectives. On peut considérer que pluie et vent sont des éléments du mauvais temps et qu’un ciel dégagé de tout nuage correspond à du beau temps…
Dictons du beau temps
La lune, si elle est bien visible, avec des bords très nets se découpant sur le ciel, traduit une grande transparence de l’atmosphère, donc un temps sec associé à un anticyclone de beau temps.
Pour voir un arc-en-ciel, il faut obligatoirement avoir le soleil dans le dos.
Ce qui signifie que le soir (le soleil étant situé à l’ouest), on regarde dans la direction opposée, c’est-à-dire vers l’est. Or, les courants perturbés viennent rarement de l’est.
Il s’agit donc d’une pluie associée à une perturbation qui s’en va.
Avec l’augmentation de la température des courants ascendants vont se former: en cours de journée ils suffiront à maintenir les nuages sans entraîner de précipitations.
La rosée se dépose lorsque l’air est saturé d’humidité. Mais s’il l’est dès le matin, ce n’est pas grave, car l’augmentation de la température avec la montée du soleil dans le ciel va permettre d’absorber ce trop plein sous la forme de petits cumulus. Il fera donc beau.
Les hirondelles se nourrissent de moucherons, très sensibles à la pression atmosphérique. Quand celle-ci est élevée (signe de beau temps), ils doivent voler plus haut afin de trouver une pression plus faible, qui leur permet un déplacement plus aisé dans un air moins dense. Les hirondelles, pour les chasser, doivent donc voler plus haut.
Quand sur un fond de nuages pluvieux (nimbostratus) apparaissent des déchirures, c’est que la dislocation est en vue. Le fait d’apercevoir çà et là quelques coins de ciel bleu est donc le signe du début de la « traîne » qui suit la perturbation, caractérisée par un ciel encore chargé de nuages, mais sec et ensoleillé.
Si, après la pluie, des éclaircies apparaissent le soir, c’est que le front est passé.
Dictons du mauvais temps
Les cercles (halos) qui entourent la lune sont dus à la réfraction de sa lumière par des cristaux de glace de nuages très fins. Or, ces nuages élevés se situent à l’avant d’un front, qui traduit lui-même l’approche d’une dépression.
Quand un arc-en-ciel est vu le matin, c’est que le rideau de pluie se trouve en direction de l’ouest, par où arrivent les perturbations pluvieuses. Compte tenu du fait que ces passages pluvieux durent au moins 24 heures, il est certain que la journée qui commence (peut-être les suivantes) sera placée sous le signe de la pluie. Un air déjà saturé d’humidité alors que la température continue à baisser va provoquer des précipitations, l’air froid ne pouvant pas contenir autant de vapeur d’eau que l’air chaud. Il ne s’agira pas de fortes pluies mais de bruine. Une forte augmentation du degré hygrométrique de l’air précède toujours l’arrivée de la pluie. Or l’augmentation de cette humidité, de même qu’elle fait gonfler le bois (bloquant les tiroirs et les portes) agit sur nos articulations, produisant des douleurs articulaires plus prononcées. Habituellement, le vent s’apaise à la tombée de la nuit car les différences de température entre deux masses d’air proches tendent à s’estomper, et donc l’appel d’air qu’elles créent. Si ce n’est pas le cas, c’est qu’une forte dépression approche.
Petit histoire des dictions
Ces dictons du temps qu’il fera sont parfois très anciens. C’est ainsi que les poètes latins Hésiode, Virgile et Pline, voilà une vingtaine de siècles, se sont essayés à prévoir le temps. Virgile, entre 50 et 20 avant notre ère, écrivait déjà: «Si tu es attentif au cours régulier de la lune, jamais tu ne seras trompé sur le temps du lendemain. Si au quatrième jour, la lune se lève pure et claire, jusqu’à la fin de la lunaison, les jours seront sans pluie et sans vent…». Un siècle plus tard, entre 50 et 70, Pline remarquait: «La lune rouge, présage du vent.»
Par la suite, ces prévisions ont été regroupées dans des recueils, puis publiées dans des almanachs. L’un des plus célèbres, paru à Londres en 1744, s’intitule les «Règles du berger de Banbuiy».
Vidéo : Les dictons
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Les dictons