L'impasse écologiste
L’impasse écologiste
Le mot « écologisme » est dérivé de celui d’« écologie ». Le suffixe -isme renvoie à la fois, comme dans « marxisme », « libéralisme » ou « individualisme », à une théorie porteuse d’une conception du monde ainsi qu’à des pratiques. Le sens du mot est assez flou. Existe-t-il un ou plusieurs écolo- gismes ? Et si l’on en distingue plusieurs, quel est le point commun qui autorise à les qualifier ainsi ?
Les êtres humains ont toujours vécu d’une nature dont ils ne comprenaient pas, ou mal, les mécanismes. Partant de leur propre image, ils l’ont donc personnifiée, d’abord sous la forme de divinités multiples, puis sous celle d’un dieu unique. Ce rapport tendanciellement identitaire entre Dieu et la Nature a été notamment pensé au XVIIe siècle par Spinoza : « (…) toutes choses sont par la Nature unies en une seule, savoir Dieu. » Nous sommes en présence d’une tradition encore vivante aujourd’hui, quoique le plus souvent de manière insidieuse : à partir des années 1975, elle structure les mentalités écologistes. A travers des conceptions comme celles, par exemple, de Jean-Marie Pelt, directeur de l’institut européen d’écologie : la nature « (…) est d’une essence qui nous dépasse infiniment. D’une essence proprement divine »’, écrit-il en 1980. Ce sentiment était d’ailleurs déjà celui de Joël de Rosnay en 1979 : « Un sentiment religieux (une religion émergente et non pas seulement révélée) irrigue toutes les activités de l’écosociété », est-il indiqué dans l’utopie écologiste présentée dans Le macroscope. L’hypothèse « Gaïa », qui eut son heure de mode pour inviter le public à 1’« écologie globale », est une résurgence à peine laïcisée de cette pensée : selon James Lovelock, « la Terre est un être vivant ». Il prétendit d’ailleurs être surpris devant le bon accueil que fit l’Église à sa théorie : « J’avais un faible espoir que Gaïa pût être mise en accusation du haut de la Chaire ; au lieu de cela, on m’a demandé de prononcer un sermon sur Gaïa à la Cathédrale St John the Divine de New York. »
Cette survalorisation de la nature et, corrélativement, une dévalorisation certaine de l’humanité est l’un des caractères constitutifs de l’idéologie écologiste. Les êtres humains y sont saisis comme fondamentalement destructeurs des équilibres « naturels », corrupteurs de la « nature » et de sa beauté et coupables de sa dégradation. A la limite,
ils sont de trop sur la Terre, ainsi que le pensent certains tenants de l’écologie dite « profonde » : James Lovelock a récemment préconisé la réduction de la population mondiale à 500 millions d’habitants pour des raisons écologiques.
L’écologisme s’enferme ainsi le plus souvent dans des recommandations d’austérité à des gens simples dont il est difficile d’affirmer que leurs habitudes énergétiques pourraient être responsables du dérèglement de l’effet de serre. Pour ne pas évoquer le dévoiement fréquent, par des combinaisons électorales contre nature, dans tous les sens du terme, des aspirations authentiquement écologistes des habitants industrieux et modestes de la planète.
Vidéo : L’impasse écologiste
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