Fonctionnement de la station
Muni de ces instruments de base, l’amateur de météo peut alors effectuer des relevés et se risquer à des prévisions. Il est évidemment très instructif de comparer la prévision à la réalité, pour affiner les prévisions suivantes. L’installation des instruments et le relevé des mesures obéissent à quelques règles de bon sens. Il est judicieux de rassembler les instruments en un seul endroit et d’effectuer les relevés au bon moment, qui varie selon la mesure concernée.
Installer une station météo
Pour installer une station météo digne de ce nom, il faut disposer au moins d’un petit jardin. L’endroit doit être plat, recouvert de pelouse, et ne pas se trouver à proximité d’arbres de grande taille ou de bâtiments de hauteur élevée, qui auraient une influence sur les mesures du vent ou de la température.
La PARTIE PRINCIPALE de la station sera un abri en bois, dans lequel seront placés les principaux instruments de mesure, ainsi protégés à la fois du soleil et des intempéries. Cet abri peut être une simple caisse, percée de trous pour l’aération. Mais on peut construire une base plus élaborée, avec persiennes d’aération et porte d’accès montée sur charnières, à l’image des stations météo professionnelles.
L’ensemble doit être peint en laque blanche, cette couleur réfléchissant bien la chaleur, son vernis permettant de résister aux intempéries. Veillez à diriger l’ouverture vers le nord, afin que les rayons solaires ne perturbent pas la lecture de la température.
UN ABRI-TYPE renfermera un thermomètre à mercure, pour la mesure précise de la température instantanée, un thermomètre à maxima-minima, un hygromètre, ou à défaut un second thermomètre à mercure dont le réservoir sera entouré d’un petit cylindre de mousseline pouvant être humidifiée, pour être utilisé en tant que psychromètre et enfin un baromètre anéroïde. Thermomètre, baromètre et hygromètre sont parfois regroupés sur une seule et même plaquette, pour constituer une petite station météo d’intérieur.
Quant au pluviomètre, il peut n’être qu’une simple boîte de conserve dans laquelle on placera un entonnoir dont le diamètre sera un peu supérieur, pour faire écran au rayonnement solaire et limiter l’évaporation. On le placera à environ 1 m du sol, fixé sur un piquet lui-même enfoncé en terre.L’ensemble devra être amovible, de façon que le contenu de la boîte puisse être versé dans une éprouvette graduée ou un verre mesureur.
Effectuer des relevés météo
Une fois la station réalisée, il reste à l’utiliser le plus judicieusement possible. Le relevé des instruments ne doit pas être effectué n’importe quand, ni n’importe comment.
Règles élémentaires
Relever LÉS INSTRUMENTS régulièrement (sinon les mesures ne présentent gufle d’intérêt). II faut effectuer des relevés quotidiens, si possible à heures fixes. Les météorologistes officiels ont retenu 7 h, 14 h et 21 h, mais on peut se contenter de deux relevés, matin et soir. La pression atmosphérique subit une oscillation diurne dont l’amplitude est d’environ 1 mb aux latitudes moyennes (nulle aux pôles, 4 mb à l’équateur), avec un maximum à 10 h et 22 h, un minimum à 4 h et 16 h. Il est donc recommandé de relever le baromètre aux heures intermédiaires: 7 h, 13 h ou 19 h, pour ne considérer que les variations réellement en rapport avec le déplacement des masses d’air. Il ne faut jamais relever la température au soleil : la valeur ainsi obtenue, contrairement à ce que l’on croit souvent, n’a aucune signification. Ce qui importe, c’est la température de l’air.
La PLUVIOMÉTRIE doit être mesurée tous les jours (à condition évidemment qu’il ait plu) le plus tard possible dans la journée. Si vous utilisez un baromètre anéroïde, n’oubliez pas de l’étalonner en fonction de l’altitude du lieu d’observation.II suffit pour cela de connaître la pression relevée par la station météo la plus proche de votre domicile (la valeur indiquée est toujours ramenée au niveau de la mer) et de placer l’aiguille de votre baromètre au même niveau.Attention aussi à ne pas confondre millimètres et millibars ; les cadrans des baromètres anéroïdes comportent généralement les deux échelles. Il est CONSEILLÉ ÉGALEMENT de vérifier l’exactitude des thermomètres à maxima-minima en prenant pour référence la température indiquée par un simple thermomètre à mercure.
Tableau synoptique
Pour être utilisables, les relevés météo doivent être portés sur un tableau «synoptique», permettant de voir d’un seul coup d’œil les différentes valeurs. Mais on ne relève pas que des valeurs numériques ; il y a aussi des éléments non précisément chiffrables, comme la nébulosité (fraction du ciel couverte de nuages) ou le type de nuages présents ; il est alors intéressant d’utiliser des symboles. Une convention internationale exprime la nébulosité en « octas », c’est-à-dire en huitièmes.Le principe consiste à regrouper par la pensée tous les nuages dans un même secteur du ciel et à évaluer le degré d’obscurcissement de ce ciel. Toutes LES INDICATIONS des instruments de votre station ne serviront pas pour établir des prévisions. La température et la pluviosité, par exemple, n’ont qu’un caractère statistique.Mais, accumulées sur une longue période de temps, elles permettront de définir le climat moyen de votre région. À condition d’être patient : les météorologistes officiels considèrent en effet que, pour obtenir une moyenne valable, les observations doivent porter sur plus de 30 ans !
Petite histoire de la Météo
L’un des premiers instruments météo fut la girouette, inventée vers 1500 par Léonard de Vinci, qui aurait également imaginé l’hygromètre. C’est en fait Ferdinand II de Toscane qui, vers 1650, réalisa le premier appareil à mesurer l’humidité de l’air. La première mesure fut sans doute celle du cardinal de Cusa, qui évalua le degré d’humidité de l’air en pesant des boules de laine respectivement sèche et humide. L’hygromètre à cheveu, dû à Horace Bénédict de Saussure, n’apparut qu’en 1783.Le thermomètre fut inventé en 1597 par Galilée, mais il n’existait alors aucune échelle de mesure. C’est le Néerlandais Huygens qui proposa, en 1665, de définir la température à partir des deux états caractéristiques de l’eau : la congélation et l’ébullition.Le premier baromètre est dû au physicien italien Gasparo Berti (Giovanni Baliani) qui, en 1641, fixa le long du mur de sa maison un tube de 10 mètres de haut, rempli d’eau, dont l’extrémité inférieure plongeait dans un grand bac du même liquide. De sa fenêtre, selon qu’il voyait ou non le sommet de la colonne d’eau, il en déduisait le temps… Deux ans plus tard, son compatriote Torricelli découvrit que le poids de la colonne liquide correspondait à la pression exercée par l’atmosphère sur l’eau du récipient. Il remplaça l’eau par l’élément le plus dense qui soit en même temps liquide à la température ambiante(le mercure), afin de diminuer par commodité la hauteur de la colonne. Le mercure étant presque 14 fois plus dense que l’eau, la hauteur s’en trouva réduite d’autant : elle n’est plus que de 76 centimètres. Ainsi est né le baromètre à mercure.
À la fin du xvnesiècle, avec l’invention de l’anémomètre et du pluviomètre, la panoplie des instruments météorologiques était complète.
Les relevés se présentèrent d’abord sous forme de «journaux météo». Les plus anciens, retrouvés à Florence, datent de 1655. Parmi les plus intéressants, ceux du philosophe John Locke débutent avec l’année 1666. Les mesures resteront irrégulières jusqu’en 1706, année à partir de laquelle des relevés ininterrompus sont effectués à l’Université d’Utrecht.
Dès 1781, le chimiste Lavoisier, reprenant une idée du physicien Borda, avait suggéré que les phénomènes météo étaient migrateurs, imaginant la possibilité de créer un réseau de stations météorologiques. Mais l’absence de moyens de transmission -et la guillotine – interrompirent ses projets…
En fait, le premier réseau météo est dû à Ferdinand II duc de Toscane, qui créa, en 1654, dix stations de relevés du temps, notamment à Florence, Pise, Paris et Varsovie. C’est l’hostilité de l’Église face aux mesures savantes qui entraîna leur inter ruption, en 1667. Un autre réseau fut créé par la Royal Society de Londres, qui fonctionna jusqu’en 1735. L’événement qui marqua la naissance officielle de la météorologie scientifique est en fait plus récent. En novembre 1854, la France, l’Angleterre, le Piémont et la Turquie sont engagés dans une guerre contre la Russie et les flottes alliées bloquent le port de Sébastopol. Le 14 de ce mois, la flotte française, ancrée à Balaklava, en mer Noire, est détruite par une violente tempête. Une quarantaine de navires sont perdus. Suite à ce désastre, Napoléon III demande au maréchal Vaillant, ministre de la Guerre si cette tempête aurait pu être prévue. L’astronome Urbain Le Verrier, chargé du travail, rassemble les relevés effectués dans plusieurs observatoires et universités, retraçant le trajet de la tempête à travers l’Europe. Il en déduit qu’elle aurait pu être annoncée. Il propose à l’empereur de mettre sur pied un réseau de stations à travers l’Europe, dont les observations seront transmises à Paris par le télégraphe, qui vient juste d’être inventé. En 1856, on compte déjà 21 stations en Europe et, à partir de 1863, l’observatoire de Paris – dont Le Verrier est le directeur – commence à diffuser des « bulletins du temps» et des avis de tempête. À la mort de Le Verrier, en 1877, est créé le Bureau central météorologique.
Vidéo : Fonctionnement de la station
Vidéo démonstrative pour tout savoir sur : Fonctionnement de la station